La crise, d'abord virtuelle, dans laquelle nous sommes plongés depuis l'été passé, attaque maintenant l'économie bien réelle. Il est à observer que le système capitaliste, grand gagnant du match contre le communisme lors de la chute du Mur de Berlin, n'aura pas eu besoin de longtemps pour prouver son incohérence. Basé sur un principe de croissance infinie, nous n'avons pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que la planète n'est pas conçue pour absorber ce type de logique. Curieux d'observer aussi que ce mode de pensée s'est si bien introduit dans les esprits qu'aujourd'hui, nos politiciens font tout pour le sauver avec l'épargne des citoyens. Il nous est signifié à la fois de faire l'épargne, de consommer à tout va, de ne pas hésiter à s'endetter, de faire des coupes dans les plans sociaux, d'offrir de beaux cadeaux aux plus nantis, de fricoter avec des paradis fiscaux, de cultiver le secret tout en parlant transparence.... de quoi perdre nos dernières notions de latin.
Pourtant, il est indispensable de réfléchir à un nouveau système post-capitaliste, prenant en compte la réalité écologique. Un certain nombre d'éléments s'imposent comme la protection des agricultures et économies locales avec leurs diversités, une réduction des transports internationaux, des règles et surveillances collectives des flux financiers, la disparition des paradis fiscaux, une lutte sérieuse contre les méthodes mafieuses et corruptrices. Il apparaît aussi que les multinationales sont devenues des mastodontes, détentrices du 2/3 de l'économie marchande qui, donc, imposent pluie, beau temps et rythmes effrénés. Elles bétonnent leurs positions dominantes en rachetant des milliers d'entreprises mises à genoux par leurs soins. Il serait donc nécessaire que les unités de productions retrouvent leurs indépendances. D'autre part, les instances internationales devraient se reconstruire sur des bases démocratiques, nettoyées de la corruption, soulagées des lobbys des plus puissants, pour qu'elles puissent mettre en place une monnaie internationale. appartenant à tous, et des monnaies locales gérées par leurs habitants. Un chantier monumental, cela va sans dire
E. Samba
Le Chiemgauer est un moyen de paiement régional destiné à favoriser les circuits économiques régionaux et les associations régionales d'économie publique. Il complète l'euro, et sert à renforcer la région en lui donnant la priorité sur les circuits mondiaux. Il a été créé par un groupe de travail qui a développé le concept en travaillant pendant trois ans. C'est un système de paiement ouvert. On peut changer des euros en Chiemgauer, et vice versa. L'objectif est que le Chiemgauer reste aussi longtemps que possible dans le circuit régional et crée le plus de plus-value possible. On obtient un Chiemgauer contre un euro, il y a des bons à 1, 2, 5, jusqu'à 50 euros. Les entrepreneurs doivent payer une taxe de 5 ou 10 % lors du rachat d'euros. Pour éviter cette taxe, ils dépensent le Chiemgauer le plus vite possible dans la région. Il s'agit qu'il passe le plus longtemps possible du boulanger au meunier, au cordonnier, etc., et qu'il reste dans le circuit. Il s'agit en outre de renforcer les circuits économiques de la région en réduisant les transports. Il a deux avantages : cette monnaie ne peut pas être utilisée pour la spéculation, et d'autre part, elle reste toujours en circulation. Comme elle est régulièrement périmée au bout de trois mois, il faut toujours la renouveler. En effet, les bons arrivent à échéance à la fin de chaque trimestre, nécessitant leur prolongation pour trois mois grâce au paiement d'un timbre coûtant 2 % de la valeur du bon, ce qui représente 8 % pour une année. Il en résulte qu'on n'a aucun intérêt à amasser de la monnaie régionale. La vente de ces timbres de prolongation profite aux organisations à but non lucratif.
D'autre part, on en revient aux intérêts régionaux, et on fait dans la région tout ce qui peut y être fait. Nous avons commencé modestement avec 20 entreprises et un chiffre d'affaires annuel de 70'000 Chiemgauer, pour en arriver à 640 entreprises et un chiffre de 3 millions de Chiemgauer. Depuis quelques temps Le Chiemgauer existe aussi comme moyen de paiement électronique. Les PME de la région l'utilisent comme moyen de paiement professionnel. Au début, il y a eu des discussions au sein de la Bundesbank, qui a effectué une expertise. L'expert a constaté que les monnaies régionales ont peu d'ampleur, et n'ont pas d'influence sur l'économie nationale, il ne vaut donc pas la peine de s'y opposer.
Les prochaines étapes prévues sont : une consolidation pour mieux informer les consommateurs sur les offres existant dans la région. D'autre part, par rapport aux marchés financiers, il est important d'assurer la stabilité d'une monnaie régionale, et la protéger de l'inflation et de la déflation. Troisièmement, il est important d'investir dans la région. Beaucoup de personnes veulent mettre les Chiemgauer qui leur restent de côté, pour leur retraite par exemple, il faut donc développer des moyens pour que cet argent ne soit ni inactif ni utilisé pour spéculer, et qu'il engendre une croissance dans la région.
Ces derniers temps, en Allemagne et en Autriche, on a assisté à la création d'initiatives régionales prometteuses. Actuellement, 16 initiatives offrent des bons régionaux, chacune ayant ses particularités. A Graz, le Styrrion est une entreprise d'écoliers. Le Waldviertler en Haute Autriche, soutenu par la Chambre du Travail et le Ministère de l'Economie, a son origine dans une fabrique de chaussures. Le Sterntaler fait un lien entre la monnaie régionale et un réseau d'échanges, etc. En outre, il existe dans d'autres pays, par exemple en Ecosse, des expériences similaires depuis des centaines d'années déjà. La livre écossaise est une monnaie privée émise par la Royal Bank of Scotland, une banque privée.
La monnaie régionale doit finalement être soutenue par des personnes capables d'accorder la priorité à la cause qu'elles défendent, de transmettre l'idée aux autres, et de la mettre en uvre. Elle déploie avec le temps les effets attendus en direction d'une culture économique équilibrée, non fondée sur l'exclusion, culture de la tolérance, de la démocratie, de l'échange honnête, de telle sorte que la société et l'environnement puissent se développer durablement.
Extrait du journal « Horizons et débats » n° 51
Internet : Projet du Chiemgauer e.V. www.chierngauer.info
Verband der Regiogeld-Initiativen : www.regiogeld.de
M. Borel
(Anne Chardonnens, L'Express, 7 juillet 2008)
Des milliers de voyageurs organisent leurs vacances avec le couchsurfing : des internautes mettent à leur disposition leur canapé pour des voyageurs du monde entier. Le globe-trotter est ainsi accueilli chez l'habitant avec pour leitmotiv de traverser des cultures et des océans.
2 sites web : Hospitality Club et CouchSurfing, regroupent plus de 900'000 membres. Pour la langue, l'anglais est le dénominateur commun. L'âge moyen du couchsurfeur est de 26 ans. Les utilisateurs indiquent sur leur profil ce qu'ils proposent aux visiteurs : une nuit sur canapé, un café, visite de ville, spécialités de la region. L'hôte peut indiquer ce qui est toléré et attendu de l'invité (aide, repas, participation nourriture), le nombre de lits, la durée maximale du séjour. L'hébergeur est libre d'accepter ou de refuser la demande. Le système fonctionne ainsi sur la réciprocité de l'aide.
Pour prévenir les risques et mauvaises expériences, grâce aux profils, on peut se faire une idée des personnes accueillantes ou que nous recevons, en fournissant un maximum de photos et d'informations sur nos goûts. De plus, le site web propose un système de cautionnement d'un membre par un autre, ainsi qu'une procédure de vérification des adresses.
Convivial, le surf sur canapé, peu coûteux et riche en rencontres est donc en train de faire ses preuves pour des vacances réussies.
I. Gorgé